Si vous étiez en Côte d'Ivoire en 2002, vous devez surement vous rappeler du plus grand braquage de la Banque Centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) en Côte d'Ivoire. Il s'agit de l'affaire Sia Popo. Cet acte demeure l'un des hold-up les plus marquants de l'histoire de l'Afrique de l'Ouest. Retour sur cette affaire qui continue de captiver les esprits, 22 ans après les faits.
Une opération digne d'un scénario hollywoodien
Le 27 août 2002, une scène incroyable se déroule en plein jour dans les locaux de la BCEAO à Abidjan. Vers 11 heures, un transporteur de fonds arrive pour collecter des billets destinés aux banques locales. À cet instant, 4 hommes armés, profitant de l'ouverture des portails de sécurité pour laisser entrer un véhicule officiel, neutralisent les convoyeurs. Ils introduisent cinq autres complices, et en l'espace de 15 minutes, ils parviennent à emporter 15 sacs remplis de billets, estimés à plus de 2 milliards de francs CFA.
Des failles dans le système de sécurité
Malgré les mesures de sécurité strictes, l’attaque met en lumière de sérieuses failles dans le dispositif de protection de la BCEAO. L'ouverture des portails s'est faite sans résistance, et le système de liaison avec le commissariat n’a pas fonctionné, ce qui a immédiatement éveillé des soupçons de complicité interne. Les investigations se concentrent rapidement sur Sia Popo Prosper, employé de la BCEAO, qui aurait, d’après les enquêteurs, orchestré l’opération de main de maître. Le jour du braquage, Sia Popo était arrivé en civil, contrairement à son habitude, et avait disparu avec les voleurs.
L'arrestation de Sia Popo
Après quelques mois, notamment le 18 septembre 2002, Sia Popo Prosper est finalement appréhendé à l’aéroport de Ouagadougou au Burkina Faso. Voyageant sous une fausse identité et déguisé sous le nom de Jhon Ackah, il suscite des soupçons en raison de son accent francophone malgré un passeport anglophone. Une fouille révèle sa véritable identité et une somme importante en dollars. Lors de son arrestation, il avoue être le cerveau du braquage mais refuse de divulguer la cachette du butin, alimentant encore le mystère entourant cette affaire.
Le rôle déterminant de la police burkinabè
L’arrestation de Sia Popo est due à un travail minutieux des agents de la police de l’aéroport de Ouagadougou. Parmi eux, Béatrice Sanon, officière de police à l’époque, a été une figure clé dans la mise en détention de Sia Popo. L’intuition de Mme Sanon et son professionnalisme ont permis de dévoiler la véritable identité de l’accusé. Malgré les tentatives de corruption de Sia Popo, la policière a gardé son intégrité, contribuant ainsi à sa capture définitive. "Quand on fait un holdup, puisqu'on sait qu'on va faire la prison, on dépose l’argent en lieu sûr", dit-il à la presse Burkinabé.Il continue en affirmant qu'il a réalisé le braquage avec des ivoiriens spécialisés dans le braquage des banques.
Une récompense et une reconnaissance inégale
À la suite de cette arrestation, Charles Konan Banny, gouverneur de la BCEAO à l’époque, a exprimé sa gratitude aux forces de l’ordre burkinabè, leur remettant un chèque en récompense d'une valeur d' million de francs CFA. Si deux agents de la brigade de recherche ont été décorés, Béatrice Sanon, principale artisan de cette arrestation, n’a pas reçu la même reconnaissance, un oubli douloureux pour cette héroïne silencieuse. Deux décennies après, l’affaire Sia Popo reste une énigme, notamment en ce qui concerne la localisation du butin dérobé. La capture du braqueur a permis de clore un chapitre judiciaire, mais de nombreuses questions demeurent sans réponse, rappelant la complexité et l’audace de ce braquage historique.