L'architecture traditionnelle ivoirienne témoigne d'un riche héritage culturel et d'une adaptation ingénieuse aux environnements locaux. Des maisons sur pilotis aux structures communautaires, chaque peuple a développé un habitat en harmonie avec ses besoins sociaux et climatiques. Découvrez-en quelques unes.
Les Evas des Avikam
Les Avikam, peuple lagunaire, ont développé un modèle d'habitat basé sur des ensembles communautaires appelés EVA. Ces quartiers, entourés de palissades, rassemblent des familles élargies où la maison du chef de lignage occupe une place centrale. Autour, les habitations des épouses et des jeunes s’organisent autour d’une cour centrale, espace de vie collective. Chaque foyer dispose également d'une cour privée, garantissant intimité et commodité.
Les maisons sur pilotis de Tiagba
Dans les zones marécageuses, comme à Tiagba, les communautés ont adopté des maisons sur pilotis construites en bois de fer, un matériau résistant à l’humidité et aux insectes. Ces habitations, surélevées, protègent des inondations et des animaux sauvages. Leur organisation sociale se traduit par des cases multifonctionnelles attribuées à chaque épouse et ses enfants, tandis que le chef de famille dispose d’un espace distinct. Ces structures nécessitent un entretien régulier, notamment au niveau des toits en raphia et palmes.
Le pentagone des Abron
Les Abron ont conçu un habitat structuré autour d’un plan pentagonal, reflétant les relations matrimoniales. Chaque épouse occupe une case placée selon l’ordre de son union avec le chef de famille. Cette architecture, au-delà de sa fonction résidentielle, traduit une vision sociale où l’équilibre et l’ordre symbolisent la stabilité du foyer.
La mosquée de Kong
Construite au XVIIe siècle, la mosquée de Kong est un exemple emblématique de l’architecture soudano-sahélienne en Côte d’Ivoire. Faite de terre crue, elle se distingue par ses murs épais, ses contreforts en pilastres et ses minarets coniques. Témoignant du rayonnement de Kong comme centre commercial et spirituel, elle est aujourd’hui inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Les Sirikukube des Dida
Dans la zone forestière du pays Krou, les Dida ont développé des maisons annulaires à impluvium, appelées Sirikukube. Ces habitations circulaires sont adaptées au climat humide et permettent un mode de vie centré autour d’une cour intérieure. Malheureusement, ces structures ont été largement détruites au début du XXe siècle sous la pression coloniale, qui les percevait comme des refuges résistants.
Les Soukala des Lobi
Les Lobi, peuple d’agriculteurs et de chasseurs, construisent des Soukala, véritables maisons-forteresses en terre. Conçues pour être imprenables, elles disposaient autrefois d’un accès unique par la terrasse, accessible grâce à des troncs d’arbre fourchus. Aujourd’hui, ces habitats sont toujours dispersés, témoignant d’une organisation fondée sur l’autonomie familiale.
Le Toguna des Malinké
Au cœur des villages malinkés, le Toguna ou maison de la parole est un espace de discussion et de résolution des conflits. Son toit bas oblige les participants à s’asseoir, favorisant ainsi la réflexion et limitant les tensions. Lieu de gouvernance, il incarne la sagesse et la démocratie traditionnelle.
Ces différentes architectures illustrent la diversité et l’ingéniosité des peuples ivoiriens dans l’aménagement de leur espace de vie. Face aux pressions de la modernisation, la préservation de ces habitats traditionnels est devenu un enjeu crucial pour sauvegarder un pan essentiel du patrimoine culturel ivoirien.
*Des informations de Ivoire Black History Month