Origine du Djidji Ayokwé
Le Djidji Ayokwé est un tambour sacré des Bidjan. Les Bidjan font partie des Atchans qu'on appelle aujourd'hui Ebrié. La fratrie Bidjan est composée de 7 villages dont Adjamé village, Anoumanbo, Locodjro, Bidjan Santai, Attécoubé village, Agban, Cocody. Le Djidji Ayokwé était entreposé à Adjamé village. Il émet des sons variés et lointains, utilisés pour transmettre des messages entre localités, plus précisément entre les villages de la fratrie Bidjan. Les historiens expliquent qu'il a été fait par un sculpteur Ebrié du nom de Biengui. Il lui aurait fallu 2 années entières de travail. Il a été un outil de communication très utile à la résistance contre les colons puisque tout le monde comprenait le langage tambouriné en ce temps-là. On le jouait également lors de grands évènements et pour envoyer des messages aux ancêtres. Le tambour mesure 3,5 mètres sur 0,78 mètre de diamètre et pèse 430 kilos.
Vol du Djidji Ayokwé
Conscient de l'impact du tambour dans la lutte anti-coloniale, l'administrateur des colonies Simon, organise en 1916 une expédition punitive contre Adjamé village, lieu où est entreposé le Djidji Ayokwé. Malgré la résistance des Bidjan, ils finissent par perdre la bataille et le tambour est volé et emmené à la résidence du gouverneur. De 1916 jusqu'en 1930 où il est emmené à Paris, ce tambour est resté sous la pluie, le soleil. Il est donc parti en mauvais état en France. Il est inscrit comme don du peuple Atchan en guise de soumission.
Demande de restitution du gouvernement ivoirien
En 1958, le Musée de l'Homme dépêcha un ethnologue avec plusieurs photographies du célèbre tambour en Côte D'Ivoire. Ce chercheur avait pour mission d'enquêter sur l'origine et la fonction de cette pièce. Cette visite ne s'est pas très bien passée. C'est à la suite de celle-ci que les Atchans écrivirent au Président Houphouët Boigny pour lui demander d'intervenir auprès de son homologue français, Charles de Gaulle afin d'obtenir le retour d'Ayokwe au Musée d'Abidjan. La demande du président est restée sans suite. En 2018, le Djidji Ayokwé figurait en tête de liste des 148 objets que la Côte d’Ivoire souhaitait voir revenir au pays. Le président français, Emmanuel Macron, avait annoncé en 2021, lors du sommet Afrique-France que les objets sacrés allaient être restitués. En mai 2022, la Ministre de la Culture et de la Francophonie, Françoise Remarck a conduit une délégation au Musée du Quai Branly à Paris pour discuter de la restitution du tambour parleur du peuple Atchan.
Nangui Abrogoua
Nangui Abrogoua était le chef des Atchans à l'époque du vol du Djidji Ayokwé. Il a joué un rôle important dans les négociations avec les colons français pour défendre les droits terriens du peuple Atchans. L'histoire raconte qu'il a réussi à persuader l’administration coloniale de le nommer au poste de chef supérieur des Ébrié d’Abidjan au détriment d’Antonin Dioulo, également Ébrié mais originaire de Bingerville.
Bonne nouvelle de Thibaut Bouedjoro -Camus
"Bonne nouvelle" est une exposition solo d'œuvres d'art de l'artiste ivoiro-français Thibaut Bouedjoro -Camus. Il a travaillé en particulier sur le Djidji Ayokwé. Il est aussi l'arrière petit fils de Nangui Abrogoua et ce travail avait un intérêt émotionnel pour lui. C'est sa façon à lui de sensibiliser à la restitution de ce tambour sacré. Son exposition a fait l'objet d'un débat sur le Djidji Ayokwé à la galerie Cécile Fakhoury.