Valorisation de la culture africaine : Demain, Bassam ville historique N’Zima

Grand-Bassam, première capitale de la Côte d’Ivoire, est un joyau architectural et culturel qui témoigne d'une époque révolue tout en étant une pierre angulaire de l'identité du peuple n'zima. Avec ses rues bordées de bâtiments coloniaux, ses habitats modernes et ses constructions locales faites de matériaux naturels comme la paille, le bambou et le raphia, la ville est un carrefour où coexistent histoire et avenir. Le thème de la "décolonisation architecturale" offre une perspective cruciale pour repenser Bassam, non seulement comme une mémoire vivante de l'histoire coloniale, mais aussi comme un espace où les traditions architecturales locales peuvent prospérer et façonner l'avenir.

Une histoire gravée dans la pierre

Les bâtiments coloniaux de Grand-Bassam reflètent l’empreinte laissée par l’administration française au XIXe et au début du XXe siècle. Les larges façades, les balcons en fer forgé et les grandes fenêtres en bois évoquent une époque où l’architecture était conçue pour servir les besoins des colons. Si ces structures incarnent un patrimoine historique incontestable, elles sont aussi le symbole d’une domination culturelle qui a longtemps marginalisé les pratiques architecturales locales. Aujourd’hui, ces bâtiments sont menacés par l’érosion, l’abandonnement ou une modernisation mal adaptée, mettant en péril la mémoire collective qu’ils portent.

Entre traditions locales et modernité

Contrairement aux constructions coloniales, les habitats traditionnels N'zima mettent en valeur un lien profond avec la nature. Ces habitations, construites avec des matériaux écologiques comme la paille, le bambou et le raphia, incarnent des savoir-faire ancestraux adaptés à l’environnement local. Ces structures sont à la fois fonctionnelles et durables, idéales pour répondre aux besoins climatiques de la région. Cependant, l’essor d’habitats modernes aux fenêtres en bois et aux toits en tôle soulève une question cruciale : comment intégrer la modernité sans effacer les racines locales ? Cette juxtaposition entre constructions modernes, coloniales et traditionnelles crée un paysage architectural unique, mais souligne également la nécessité de repenser les modèles d’urbanisation pour une ville plus harmonieuse.

Réappropriation et décolonisation architecturale

La décolonisation architecturale de Grand-Bassam implique de réinterpréter le patrimoine existant à travers le prisme des valeurs et des besoins locaux. Cela signifie restaurer les bâtiments coloniaux pour en faire des espaces utiles à la communauté, tout en intégrant des éléments de l’architecture traditionnelle dans les projets modernes. Des initiatives locales et internationales commencent à voir le jour pour redonner vie aux bâtiments historiques tout en promouvant les savoir-faire traditionnels. L’exemple de la MAISON DE L’ART. Ces efforts pourraient inclure l'utilisation de matériaux naturels dans les rénovations, la valorisation des artisans locaux et l’adaptation des anciennes structures aux besoins contemporains, tels que des centres culturels, des musées ou des espaces communautaires.

Demain Bassam : Une vision pour l’avenir

Imaginer "Demain Bassam" comme une ville historique n'zima, c’est réconcilier son passé colonial avec son identité locale. Cela passe par plusieurs axes :

• Restaurer sans dénaturer : Les bâtiments coloniaux doivent être préservés comme témoins historiques, mais avec une touche qui reflète la culture N’zima.

• Promouvoir les habitats écologiques : Encourager les constructions en paille, bambou et raphia comme alternatives viables et durables aux matériaux industriels. Ces habitats traditionnels pourraient être modernisés pour inclure des installations contemporaines tout en respectant leur essence.

• Impliquer les communautés locales : La population N'zima doit être au cœur des projets de développement urbain. Le respect des traditions architecturales locales est essentiel pour créer un sentiment d’appartenance et de continuité culturelle.

• Valoriser le tourisme culturel : Grand-Bassam pourrait devenir un modèle de tourisme durable plus impactant en mettant en avant son patrimoine unique. Des circuits touristiques intégrant bâtiments coloniaux, habitats traditionnels et artisanat local pourraient contribuer à l’économie tout en éduquant les visiteurs sur l’histoire et la culture n'zima.

Selon M. Kouamé Noël Ekra, Sous-directeur du Musée National de Costumes de Grand-Bassam et Conseiller d’Action Culturelle, il serait important d’: "allier les matériaux modernes en les calquant sur le modèle traditionnel".

La décolonisation architecturale de Grand-Bassam est une opportunité de redéfinir son identité en honorant à la fois son passé et son avenir. "Demain Bassam" peut devenir un symbole d’harmonie entre patrimoine colonial et traditions locales, un lieu où l’architecture raconte une histoire de résilience et de renouveau.

Article du Culture Lovers 2025 Ravier Ankon