La base militaire de Port-Boüet, située près d'Abidjan, a été officiellement rétrocédée à la Côte d'Ivoire le 20 février 2025, lors d'une cérémonie publique. Cet acte symbolique a eu lieu en présence des ministres de la Défense des deux pays, Téné Birahima Ouattara et Sébastien Lecornu. La base, qui abritait le 43e Bataillon d'Infanterie et de Marine (43e BIMa) de l'armée française est désormais le camp Thomas d’Aquin Ouattara, premier chef d'État-major de l'armée ivoirienne.
Un départ mais pas que
Lors de cette cérémonie, Téné Birahima Ouattara a souligné que cet événement représentait une nouvelle étape dans l'amitié et la coopération stratégique entre la Côte d'Ivoire et la France. Sébastien Lecornu, quant à lui, a insisté sur l'importance de cette évolution des relations de défense, précisant que "le monde change" et qu'il était essentiel que cette coopération militaire évolue également.
Il a salué la relation "d’amitié et de professionnalisme" entre les deux pays, tout en rassurant que la France continuerait à être présente en Afrique, même si sa présence militaire se transforme. Le ministre ivoirien a, de son côté, affirmé que la coopération militaire entre les deux pays resterait aussi forte qu’auparavant, renforçant ainsi les assurances concernant l’avenir de cette collaboration.

Une rétrocession préparée
La rétrocession de la base, annoncée par le président ivoirien Alassane Ouattara en décembre 2024, marque l'aboutissement d'un processus de transition entamé il y a deux ans. Ce geste s'inscrit dans le cadre de la volonté de la France de réorganiser sa présence militaire en Afrique, après plusieurs années de coopération étroite. Ces dernières semaines, 90 éléments du 1er bataillon de commandos parachutistes ivoiriens ont déjà pris leurs quartiers dans ce camp, situé près de l'aéroport et plusieurs exercices communs ont été menés.

La coopération militaire entre la Côte d'Ivoire et la France ne se rompt pas, elle change juste de nature. "Nous avons besoin de la France pour appuyer un certain nombre de tâches à notre niveau si je peux m'exprimer ainsi. Il y a le renseignement, la formation des forces speciales et la montée en puissance de l'armée de l'air ivoirienne. Et pour cette montée en puissance, la France va nous apporter un soutien important", a affirmé le Ministre de la Défense ivoirienne, Téné Birahima Ouattara en interview pour la RTI
Les départs forcés de l'armée française
Si en Côte d'Ivoire, le retrait s'est fait pacifiquement, dans le sahel, notamment avec les pays de l' AES, l'armée française déployée dans la région a été contrainte de se retirer.
Le premier départ a eu lieu au Mali en février 2022 avec la fin de l'opération Barkhane, avant que le Burkina Faso ne suive l'exemple un an plus tard, lorsqu'un coup d'État a amené les nouvelles autorités à résilier l'accord militaire avec la France. Plus récemment, le Tchad a exigé que les troupes françaises quittent le pays dans un délai très court, tandis que le Sénégal engage des négociations pour organiser le départ des forces françaises d'ici la fin de l'année 2025. En juillet 2023, après leur coup d’État, les autorités du Niger ont également exigé le retrait des 1 500 soldats français déployés dans le pays.