Selon lui, lorsque les rebelles ont pris les armes en 2002, leur mouvement était porté par des aspirations fondamentales visant à corriger les inégalités et les injustices qui prévalaient à l'époque. "Hélas, les bénéficiaires de cette rébellion, qui sont aujourd'hui les gens du Restaurant, ont fait pire que ce pour quoi la rébellion a eu lieu".
Le 19 septembre 2023 marque le 21e anniversaire d'un événement qui a marqué profondément l'histoire de la Côte d'Ivoire : la rébellion de 2002. Ce jour, bien que teinté de tristesse, est l'occasion de réfléchir aux objectifs initiaux de cette insurrection armée et de mesurer les résultats obtenus, mais aussi de constater les déviations qui ont suivi. C'est une réflexion et une analyse à laquelle s'adonne El Hadj Mamadou Traore, un proche de Soro Guillaume.
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Les inégalités et injustices avant 2002
Il s'agissait de :
- Combattre l'ivoirité : L'un des principaux objectifs était de permettre à tous les Ivoiriens, en particulier ceux du Nord, d'obtenir facilement leurs cartes nationales d'identité. À l'époque, de nombreux compatriotes rencontraient des difficultés à obtenir ce document en raison de leur appartenance présumée à des groupes ethniques étrangers ;
- Promouvoir l'égalité des chances : Les Ivoiriens du Nord se sentaient exclus de la gestion politique et sociale du pays. L'objectif était de leur garantir une participation équitable dans tous les secteurs ;
- Lutter contre l'exclusion d'Alassane Ouattara : La rébellion visait également à défendre les droits politiques d'Alassane Ouattara, le président du RDR, en lui permettant de se présenter à l'élection présidentielle ;
- Organiser des élections justes et transparentes : Enfin, les rebelles aspiraient à l'instauration d'un processus électoral libre, équitable et transparent.
Les résultats obtenus après la rébellion
Toujours selon Mamadou Traoré, les résultats obtenus depuis la rébellion sont significatifs et positifs. On peut citer :
- Accès aux cartes d'identité : En 2009, les Ivoiriens, en particulier ceux du Nord, ont finalement pu obtenir leurs cartes nationales d'identité sans entraves majeures ;
- Inclusion des fils du Nord : Les habitants du Nord de la Côte d'Ivoire ont été intégrés dans la vie politique et sociale du pays, occupant des postes au sein des forces de défense et de sécurité, de l'administration publique, et bien d'autres domaines ;
- Candidature d'Alassane Ouattara : Avec l'accord de Pretoria, la candidature d'Alassane Ouattara a été acceptée, marquant une avancée significative dans la vie politique ivoirienne ;
- Élections présidentielles justes et transparentes : En 2010, des élections présidentielles justes, libres et transparentes ont eu lieu, et Alassane Ouattara a été élu président.
Conséquences
Cependant, certains bénéficiaires de la rébellion ont détourné ces réalisations pour des objectifs différents de ceux poursuivis par les rebelles :
- Remplacement de l'ivoirité par le rattrapage ethnique : L'objectif initial de lutter contre l'ivoirité a été éclipsé par des pratiques de rattrapage ethnique, suscitant des plaintes d'exclusion sociale et politique de la part des habitants du Sud du pays ;
- Exclusion de certains acteurs politiques : Des acteurs clés tels que Guillaume Soro et Laurent Gbagbo, qui avaient contribué à l'acceptation de la candidature d'Alassane Ouattara, se sont retrouvés exclus du processus électoral ;
- Fraudes électorales et crises constitutionnelles : Les élections ont été entachées de fraudes massives, de mascarades électorales et de crises constitutionnelles, éloignant le pays des objectifs de justice et de transparence électorale ;
- Menace sur le multipartisme : Le multipartisme est menacé par la montée d'un parti unique, le RHDP, réduisant la diversité politique dans le pays.
Pour terminer, il affirme que les acteurs de la rébellion, tels que Guillaume Soro et ses partisans, expriment des regrets et demandent pardon aux Ivoiriens pour "avoir fait le combat pour les mauvaises personnes". Ils présentent leurs excuses pour avoir combattu aux côtés des mauvaises personnes et pour les conséquences subies par les Ivoiriens.